« ... And I think to myself "what a wonderful world" ... »

Il y a un moment déjà que j'avais perdue le gout de tout. Je ne voulais plus être dans mon corps, dans ma tête et encore moins dans ma vie. Et le pire de tout ça, c'est que je n'arrivais même pas à ressentir cette douleur. En fait, je n'arrivais plus à ressentir quoi que ce soit. Pourquoi est-ce que je parle au passé? C'est encore le cas. Je sais que je devrais être heureuse; ou triste; ou en colère de certains événements, alors je souris, je ris, je pleure, je crie mais tout ce que je ressens à l'intérieur c'est du vide. Un vide atroce qui, si je pouvais la ressentir, m'arracherait la vie de douleur. Je fais "comme si" parce que je sais comment. Je me souviens des émotions, de ce qu'elles doivent avoir l'air de l'extérieur. Je fais comme si tout ça était normal; comme si tout allait; comme si le bonheur m'accompagnait. Je ne peux même pas dire si je suis malheureuse, je ne le ressens plus. J'ai perdu mes émotions et mes sentiments, quelque part il y a deux ans. Je les ai laissés trainer sur un bout de trottoir entre le métro Crémazie et Jean-talon. Quelqu'un a dû les ramasser.

" Avis de recherche, j'ai perdu mon être"

Je suis remplie de vide, voilà ce que je suis. Une enveloppe joliment décoré dont l'adresse a été écrite avec la plus belle des calligraphies mais dont on aurait oublié d'insérer la missive qui, pourtant, avait été écrite de la plus belle des déclaration d'amour jamais lue. 

Et hier, quelque part entre Québec et Montréal, j'ai cru ressentir un peu de la vie que j'ai perdue. Une chaleur qui m'a envahi pour quelques minutes. Mon coeur s'est remis à battre pour un instant. J'ai senti le sang dans mes veines, j'ai senti la vie qui reprenait dans mon corps pour quelques secondes à peine. Mais juste assez pour me souvenir du bonheur...

...Merci.