Pour toutes ces fois ou la joie te brûle le bout du coeur. Tu aimerais ça pouvoir ressentir ce moment, celui qui est juste là dans tes bras. Ressentir la chaleur, le froid, ton bonheur et ta peine. Tu aimerais ça rire, pour vrai cette fois. Rire et le vivre comme les autres, ceux qui peuvent encore vivre leur être. Tu voudrais pouvoir te l'enfoncer dans la gorge cette émotion. Tu voudrais pouvoir mettre la cassette qui fit avec le livre de ce que tu es en train de vivre. Que quelqu'un te dicte ce que tu devrais ressentir à ce moment précis avec un son de clochette quand c'est le moment de tourner la page. T'aimerais ça ressentir le bonheur parce que tu le sais que, des fois, tu es heureuse. Tu le sais parce que tu l'as vécu dans ton autre vie, celle ou t'etais encore vivante. Tu voudrais ressentir l'amour, parce que tu aimerais ça ressentir l'explosion de ton coeur quand tu le regardes dans les yeux. Et même si tu le sais que ton coeur a arrêté de fonctionner, il y a quand même quelque chose au fond de toi qui brule encore. Une minuscule flamme que tu aimerais pouvoir raviver. 

Mais t'es pas capable; Parce que ton cerveau a pris le contrôle de tout, tu es devenue un robot. Tu regardes autour de toi, tu analyses et tu joues. Tu es devenue un robot comédien, pis t'es bonne en criss dans ton rôle. Tu joues ta vie comme si de rien n'était, comme si t'etais normal. Tu joues ta vie comme si de l'intérieur t'étais encore vivante. Et tout le monde y croit; T'es un sacré bon robot comédien. Tu joues ta vie comme si c'était celle d'avant ta mort. Tu t'en souviens juste assez pour pouvoir passer inaperçue dans la foule même si toi tu le sais ce que tu es aujourd'hui...

Un robot, qui sait comment être comme un humain.

On t'as entendue jurer sur tout ce que tu possédais que plus jamais tu ne tomberais dans le panneau du sentimental. Que plus jamais on ne t'y prendrait à l'attachement pour l'autre. Que les sentiments c'était pour celles qui étaient faibles, ces connes. Parce que toi tu es meilleure que tout le monde. Que des nuits de sexe sans attache, c'était tout ce dont tu avais besoin pour combler le vide ou passer le temps. Et c'est vrai que ça te comble un vide assez rapidement, très rapidement, tellement rapidement que tes culottes n'ont même pas le temps de toucher le sol qu'il s'extase déjà d'avoir fait le vide. Tellement rapidement que t'as même pas fini d'entendre l'écho de ton premier gémissement, qu'il compose déjà le numéro du taxi qui va te ramener chez toi dans ta solitude. Mais c'est ce que tu voulais, de toute façon. Parce que toi, tu es meilleure que toutes les autres. Celles qui s'attachent, celle qui cherche le sentiment avant d'avoir trouvé la passion. Tu es meilleure que celles qui cherchent à combler leur vide à grands coups de "je t'aime". Toi tu aimes mieux les grands coups de bassin. C'est vrai que ça te comble un vide assez rapidement. Tellement rapidement, que tu en perds des bouts de toi dans ces draps qui n'auront jamais de place pour toi. 

Mais si tu avais eu la capacité de te ressentir, ton vide tu l'aurais compris. Si tu ne t'étais pas mentis à toi-même, tu aurais compris que de l'intérieur, ton vide se creusait un chemin encore plus profond. Et ta solitude si tu avais pu la voir avant, si tu avais eu la capacité de ressentir tout ça c'est en pleurs qu'on t'aurait retrouvé. Ou morte de l'intérieur, si c'est possible de l'être encore plus. 

Je ne vais pas faire l'éloge de l'amour, parce que je ne sais pas encore si je dois y croire. Mais maintenant que tu es là, je me dis qu'il y a espoir.